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Populisme numérique en Suisse : mythe, levier ou menace ?

Populisme numérique en Suisse : mythe, levier ou menace ?

Lundi, 18 Août 2025

Quand la démocratie helvétique croise les algorithmes

En Suisse, on aime croire que la politique se joue sur la place du village, autour d’un café, ou à travers ces affiches criardes qui envahissent nos carrefours à chaque votation. Mais derrière les urnes, un autre terrain gagne du terrain : celui des espaces numériques fermés. WhatsApp, Telegram, groupes Facebook privés, voire serveurs Discord. Bref, des lieux invisibles pour le grand public… mais où se construisent désormais des récits politiques.

Est-ce exagéré de parler de populisme numérique ? Peut-être. Mais feindre que ce phénomène n’existe pas en Suisse serait une erreur stratégique.

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1. Une illusion de tranquillité

On adore dire que la Suisse est immunisée contre les excès du populisme. Institutions solides, médias pluralistes, culture du compromis. Sauf que cette illusion de tranquillité masque une réalité : même nos campagnes de votation les plus locales subissent déjà des secousses numériques.

Regardons les faits :

  • Les réseaux sociaux suisses — certes modestes — deviennent les réservoirs de campagnes “souterraines”.
  • Les groupes WhatsApp et Telegram sont utilisés par des collectifs politiques pour diffuser des “argumentaires express” qu’aucun journaliste ne contrôle.
  • Les algorithmes de recommandation poussent du contenu émotionnel avant du contenu rationnel — et dans une campagne, l’émotion gagne toujours du terrain sur la raison.

Bref, croire que le débat démocratique se limite à l’“arène visible” est déjà une erreur d’analyse.

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2. Populisme numérique : amplifier, pas convaincre

Le terme est trompeur. Ce n’est pas un outil de persuasion miraculeux. Ce que permettent les canaux numériques fermés, c’est surtout l’amplification.

Trois mécaniques dominent :

  1. La mobilisation des convaincus : on ne convertit pas, on électrise.
  2. La polarisation émotionnelle : plus un contenu choque, plus il circule.
  3. L’effet “bulle de confiance” : un message lu dans un groupe fermé de 200 personnes proches est perçu comme plus crédible qu’une pleine page dans Le Temps.

En clair : ces canaux ne fabriquent pas l’opinion, mais ils modifient l’intensité et la vitesse des mobilisations.

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3. La Suisse, un terrain fertile ?

On pourrait croire que la taille réduite du pays et la densité d’affiches électorales rendent ces dynamiques anecdotiques. Pourtant, la Suisse est un terrain idéal :

  • Fragmentation linguistique et politique : chaque segment est déjà une niche. Le numérique accentue cette fragmentation.
  • Rythme des votations : une votation tous les trois mois, c’est du carburant continu pour tester des récits viraux.
  • Culture de la rumeur : derrière le consensus institutionnel, les discussions privées ont toujours joué un rôle central. Aujourd’hui, elles se digitalisent.

Ne nous mentons pas : dans une démocratie où 40% des votants décident parfois à la dernière minute, l’influence microciblée devient un levier redoutable.

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4. Les angles morts des stratèges traditionnels

Le vrai problème n’est pas que ces canaux existent. C’est que la majorité des stratèges politiques suisses les ignorent.

  • On investit encore des millions dans les affiches.
  • On se bat pour un encart dans la Tribune de Genève.
  • On organise des débats publics dans des salles à moitié vides.

Pendant ce temps, dans les groupes WhatsApp de 300 membres, des visuels bricolés à la va-vite circulent, vus des milliers de fois en 24h. Sans budget. Sans contre-discours. Sans traçabilité.

Les stratèges classiques parlent de “nouveaux médias”. Les acteurs numériques parlent déjà de nouvelles arènes de pouvoir.

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5. Objections courantes… et pourquoi elles sont fausses

  • “En Suisse, ça ne prend pas.” Faux. Rappelle-toi la vitesse de propagation des arguments simplistes pendant l’initiative contre l’immigration de masse (2014) ou plus récemment dans les débats Covid.
  • “Ce sont juste des extrêmes.” Pas seulement. Même les partis traditionnels utilisent aujourd’hui des canaux fermés pour mobiliser leurs troupes locales.
  • “Les électeurs restent rationnels.” Vraiment ? Alors pourquoi l’affiche de campagne choc reste encore l’outil préféré des comités ?
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6. Un levier aussi dangereux que stratégique

Soyons clairs : le populisme numérique n’est pas que négatif. Bien utilisé, il peut :

  • Mobiliser des jeunes électeurs qui ne lisent pas la presse traditionnelle.
  • Créer du lien communautaire dans des communes ou associations locales.
  • Accélérer la circulation d’arguments factuels, si on maîtrise le storytelling.

Le danger, c’est quand ces canaux deviennent des chambres d’écho toxiques, où circulent rumeurs, peurs et caricatures simplistes sans contre-discours.

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7. Que faire ? Trois pistes concrètes

  1. Cartographier les bullesComme on fait de la veille presse, il faut une veille des canaux fermés. Identifier les récits qui circulent, les signaux faibles, les leaders d’opinion cachés.
  2. Comme on fait de la veille presse, il faut une veille des canaux fermés. Identifier les récits qui circulent, les signaux faibles, les leaders d’opinion cachés.
  3. Investir dans le micro-narratifNe pas seulement produire des campagnes nationales. Mais des récits calibrés pour des communautés restreintes, avec du contenu pensé pour être partagé dans un groupe WhatsApp de 50 personnes.
  4. Ne pas seulement produire des campagnes nationales. Mais des récits calibrés pour des communautés restreintes, avec du contenu pensé pour être partagé dans un groupe WhatsApp de 50 personnes.
  5. Former les porte-paroles à la “réponse rapide”Un bon contre-discours ne se fait pas en 48h avec un communiqué officiel. Il doit circuler en parallèle, sur les mêmes canaux, avec le même ton.
  6. Un bon contre-discours ne se fait pas en 48h avec un communiqué officiel. Il doit circuler en parallèle, sur les mêmes canaux, avec le même ton.

👉 Chez Impakt Nexus, nous maîtrisons ces leviers. Anticiper les récits numériques, concevoir des contenus microciblés et organiser des réponses rapides font partie de notre ADN. C’est précisément là que notre expertise fait la différence.

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8. La suite : IA générative et deepfakes

Si les espaces fermés ont déjà changé la donne, le vrai séisme est encore à venir. L’IA générative va permettre de créer en quelques secondes :

  • des vidéos faussement locales,
  • des témoignages simulés,
  • des visuels hyper ciblés,
  • des contre-arguments automatisés.

La Suisse, avec son calendrier électoral permanent, est un terrain d’expérimentation rêvé. Les stratèges qui s’endorment sur leurs affiches vont se réveiller trop tard.

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Conclusion : Le confort suisse est un piège

Se convaincre que la Suisse est protégée du populisme numérique, c’est comme se convaincre qu’on n’a pas besoin de parapluie à Genève en novembre.

Le confort institutionnel est un piège. Pendant que certains dorment sur le consensus, d’autres fabriquent déjà le prochain cycle narratif, en silence, sur leurs smartphones.

La vraie question n’est pas : “Le populisme numérique arrivera-t-il chez nous ?”

La vraie question est : “Qui saura l’anticiper, le comprendre et l’utiliser avant les autres ?”

Chez Impakt Nexus, nous avons choisi notre camp : anticiper, agir, impakter.

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